Voici ma dernière lecture du
mois anglais, un peu en retard ! Un roman déjà programmé l'année précédente, que j'avais choisi après avoir vu la série
A very British murder, où l'historienne parlait beaucoup de ce roman. C'est le douzième tome des aventures du détective Lord Peter Wimsey, qui a ici un rôle secondaire. Le roman date de 1935.
L'histoire
À l’occasion d’une invitation, Harriet Vane retourne à Oxford et revoit d’anciennes amies et professeurs du College Shrewsbury (Oxford) dont elle avait été l'étudiante. Peu après, Letitia Martin, la doyenne, lui apprend par courrier que des lettres anonymes et du vandalisme troublent la quiétude des lieux et menacent depuis quelque temps la réputation de l’établissement.
Harriet accepte de lui venir en aide et passe plusieurs mois dans les murs du College, prétextant des recherches sur l’écrivain Sheridan Le Fanu. Elle s'occupe dans les faits de mener son enquête et de dresser une liste de suspects. L'isolement et la réflexion stimulent également les questionnements de la jeune femme à l’égard de ses propres aspirations et la conduisent à réévaluer sa relation avec Lord Peter Wimsey.
Ce dernier débarque un jour à Oxford pour lui prêter main-forte : les menaces s’intensifient depuis quelques jours et la petite communauté du College est très anxieuse. Personne n’arrive en effet à identifier le responsable de ces actions violentes ni les raisons qui le poussent à agir ainsi.
Mon avis
Une super lecture que je recommande absolument !!! L'enquête passe au second plan, en fait, on ne se prend vraiment au jeu que pendant les 100 dernières pages, mais ici, c'est le fond qui importe, et si j'ai bien compris, c'est pour ça que ce livre reste toujours aussi connu de nos jours. L'autrice aborde pas mal de sujets qui à l'époque faisaient beaucoup débat, et qui finalement, restent très actuels... J'ai aimé sa méthode : elle fait débattre les différents membres de l'équipe pédagogique qui ont toutes des postures assez différentes et tranchées (certaines femmes sont naïves, d'autres, beaucoup plus affirmées, cruelles, rigides...), ce qui lui permet d'exposer les différentes opinions de chaque sujet, pour moi, le gros atout du roman.
Parmi les sujets abordés :
- la peine de mort ou l'utilisation des condamnés dans un but scientifique (on parle déjà des expériences nazies)
- la place et l'éducation des femmes, leur droit à travailler, à avoir une carrière, une femme peut-elle se marier, avoir des enfants ET travailler ?
- les stéréotypes de la féminité, "qu'est-ce qui fait qu'une femme est féminine" (et une femme a-t-elle "le droit" de ne pas être féminine). Les femmes devraient toujours penser d'abord aux enfants, aux épouses, devraient vouloir être mères plus que tout...
- Certaines distinguent les femmes "ordinaires", les mères, et les chercheuses.
Ce roman, indéniablement féministe, était très intéressant ! Le mouvement féministe n'en est qu'à ses débuts, les mentalités n'ont pas encore changé et au bout du compte, Peter Wimsey, qui cherche une femme qu'il puisse traiter comme son égal, est bien plus féministe que beaucoup de femmes (quand on lui demande ce qu'il pense de l'éducation des femmes, il répond qu'en tant qu'homme, il n'a pas à avoir d'avis sur la question)... Certaines femmes sont fières de ne pas être éduquées et méprisent même le principe de l'éducation des femmes et le fait que certaines étudient au détriment de leur statut de mère (les femmes qui composent l'équipe pédagogique sont toutes célibataires). Quand on pense au mouvement "je ne suis pas féministe (et fière de l'être), on se dit que finalement, en 80 ans, on n'a pas encore fait tout le chemin...
En bref, à lire !! Une histoire de femmes, sur les femmes, par une femme, c'est assez rare pour être noté !
Pour la petite histoire, ça m'a aussi amusé de voir que la détective faisait aussi des recherches sur un auteur et un livre que je suis en train de lire en parallèle pour Un an en Irlande...