lundi 30 novembre 2015

Crime d'honneur - Elif Shafak

On ne m'arrête plus... Le livre du jour nous fait voyager entre la Turquie et l'Angleterre, et a été rédigé par une femme d'origine turque et qui a beaucoup voyagé. 

Après mûre réflexion, je ne l'ai pas incluse dans le Tour du Monde, mais je pense qu'elle plaira à un nouveau groupe qui vient de se former sur les lectures du monde, Lire le monde, qui pourrait vous intéresser.

L'histoire
« Ma mère est morte deux fois. » C’est par ces mots qu’Esma, jeune femme kurde, commence le récit de l’histoire de sa famille née sur les rives de l’Euphrate et émigrée à Londres en 1970.
L’histoire, d’abord, de sa grand-mère dans le village de Mala Car Bayan, désespérée de ne mettre au monde que des filles, elle qui sait combien la vie ne les épargnera pas. L’histoire de sa mère, Pembe la superstitieuse, et de sa tante, Jamila la guérisseuse, sœurs jumelles aux destins très différents. L’histoire des hommes aussi, celle de son père, tour à tour aimant, violent, fuyant, et celle de ses frères, Yunus le rêveur, et Iskender. Iskender, l’enfant chéri de sa mère, la « prunelle de ses yeux », son sultan. Son meurtrier.
Enfin, l’histoire de ces immigrés qui ont choisi l’exil pour vivre de miracles et croire aux mirages, qui ont choisi la liberté et l’amour quand d’autres restent ancrés dans les traditions et portent au pinacle l’honneur d’une famille. 
Mon avis


Un coup de coeur, ou plutôt un coup de poing comme le dit si bien Enna lit, pour un livre qui m'a énormément donné matière à réflexion, d'où cette chronique un peu plus longue que d'habitude. Je l'ai trouvé très intéressant et bien écrit. Lors de la première moitié, le rythme monte crescendo et ensuite, je n'ai tout simplement pas pu reposer le livre ! J'ai beaucoup aimé le style, les couleurs et l'ambiance du livre, malgré la dureté du propos. J'ai aussi aimé le côté inéluctable de l'histoire : on connait la fin dès le début, et toute l'histoire de toutes ces générations se dénoue progressivement pour nous y ramener.

L'histoire navigue entre trois générations et sur deux périodes, 1977 et 1992. L'histoire se répète, la mère, puis le père, quitte le foyer. A chaque fois, c'est la femme qui est accusée de tous les mots, les hommes ne se mettent pas en question dans ces départs.

Le livre présente le concept d'honneur dans la culture musulmane... Rien à voir avec l'honneur occidental, cela va de soi, et c'est pourquoi au début l'intrigue parait aussi invraisemblable (à mes yeux de féministe occidentale, cela va de soi). Les chapitres les plus agaçants sont aussi ceux qui nous en apprennent le plus sur cette culture et cette mentalité, car on voit l'histoire de différents points de vue : des hommes, des femmes, mariées ou non, différentes générations...


Lors de ma lecture, ça a été très dur (voire impossible) de ne pas faire de jugement culturel : ce livre transpire la misogynie. Je ne dis pas que l'autrice est misogyne, bien au contraire, ce livre est un plaidoyer pour l'émancipation, à mon avis. Mais les discours des personnages masculins du livres en débordent et on sait bien que c'est le genre de trucs qui m'énervent très vite. La recette parfaite pour que je m'énerve toute seule dans mon coin. Mais en prenant du recul, c'était intéressant de voir comment l'Orateur, un des personnages secondaires qui cherche à endoctriner les jeunes du quartier, explique à quel point la culture occidentale est violente envers les femmes en les forçant au culte de la beauté et à l'anorexie... (certes) alors que la culture musulmane, au contraire, respecte énormément les femmes... Tous ces discours expliquent comment le matricide a pu être approuvé, voire encouragé, en tout cas dans la tête de l'adolescent.

Le passage le plus choquant pour moi est sans conteste celui où un père de 8 filles, alors que sa fille s'est enfuie avec un homme, déclare qu'il est presque heureux de ne pas avoir de fils, car alors il aurait été obligé de lui demander de tuer sa fille pour laver la honte de la famille. Si les pères donnent autant d'importance au fils aîné, comment est-il possible de leur demander une chose pareille???

Le livre commence par la phrase "Ma mère est morte deux fois.", ce qui m'a intriguée tout le livre, et le retournement final m'a scotchée.

Pour résumer : un livre difficile à résumer en une chronique, mais qui m'a beaucoup touchée, à découvrir pour le comprendre.

mardi 24 novembre 2015

Théorie de la vilaine petite fille - Hubert Haddad

Suite et fin de mon rattrapage des lectures estivales.


L'histoire
"Mister Splitfoot, si tu y es, frappe deux fois !" Qui se souvient de l'incroyable destin des sœurs Fox, ces deux fillettes de l'Amérique puritaine qui, par une nuit de mars 1848, en réponse aux bruits répétés qui secouent leur vieille ferme, inventent le spiritisme comme on joue à cache-cache ? Kate, d'abord, sorte d'elfe à la fois espiègle et grave, pleine de fantaisie et de mystère, Margaret, fascinée par la médiumnité de sa petite sœur, et enfin Leah, de vingt ans leur aînée, qui, avec l'aide de financiers de Wall Street, rêve de fonder un empire à partir de ce nouveau jeu de société un rien macabre...
Mon avis

Un livre étrange... Il raconte les débuts du spiritisme et la façon dont les personnages exploitent le filon, mais aussi la façon dont le succès est destructeur pour la famille. J'ai beaucoup aimé le style d'écriture, mais j'ai trouvé que l'histoire n'était pas assez approfondie, ce qui gâche l'ensemble. Les personnages m'ont tous paru inaccessibles, je n'ai pas réussi à m'y identifier ou à m'en rapprocher, ce qui fait que j'ai eu un peu de mal à avoir un avis sur le livre, à ressentir quelque chose.

Pour tout dire, je m'attendais à autre chose, je n'ai pas bien compris à quoi l'auteur voulait en venir. Est-ce une histoire vraie ? Une fiction ? Au final, on a peu de réponses.

Un livre qui parle de magie

lundi 23 novembre 2015

Les anagrammes de Varsovie - Richard Zimler

J'avais choisi ce livre car, il y a quelques années, j'avais lu et adoré Le dernier Kabaliste de Lisbonne, du même auteur. Cette histoire est bien différente et elle se passe dans le ghetto de Varsovie.


L'histoire
Pologne, automne 1940 : des milliers de Juifs se retrouvent confinés dans une petite parcelle de la capitale, le tristement célèbre ghetto de Varsovie. Parmi eux Erik Cohen, un vieux psychiatre, contraint de survivre dans un minuscule appartement avec sa nièce et son petit-neveu adoré, Adam. L'hiver est éprouvant : l'hostilité du ghetto où tout manque, le crime omniprésent, la mort qui rôde. Soudain, Adam disparaît. Le lendemain, son corps est découvert sans vie et atrocement mutilé au pied d'un des murs de barbelés qui clôturent le ghetto. Dans sa bouche, un morceau de fil. Quelques jours plus tard, le corps d'une jeune fille est lui aussi retrouvé mutilé. Tout en Erik crie vengeance : aidé de son ami d'enfance Izzy, une figure haute en couleur, il va s'échapper du ghetto pour mener l'enquête à Varsovie.
Mon avis

J'ai bien aimé cette histoire, une enquête qui se passe dans le ghetto. On y voit la vie du guetto au quotidien, l'enquête passe en arrière-plan. Comme le personnage principal est un vieux psychiatre, il analyse beaucoup l'état d'esprit des autres personnages, ce qui est une approche intéressante.

La lecture était agréable et l'intrigue, prenante. En revanche, la fin était vraiment bizarre, elle m'a franchement déconcertée.

samedi 21 novembre 2015

Toute la famille sur la jetée du paradis - Dermot Bolger

Ne jamais désespérer, je continue mon challenge Un an en Irlande ! Voici l'avant-dernier de la série, et un très beau coup de coeur.


L'histoire
En 1915, dans un village du comté de Donegal, au nord de T'Irlande, la famille Goold Verschoyle s'épanouit dans un manoir animé par les rires de Leurs prestigieux invités. Mais le cours de l'histoire menace l'équilibre de ce petit paradis. Eva, de peur de rester vieille fille, épouse un homme qui ne la comprend pas. Art s'enflamme pour la cause communiste et part pour Moscou avant d'en être expulsé et d'être renvoyé à Londres. Son petit frère Brendan suit ses traces et part se battre en Espagne. On suit les (més)aventures de la fratrie jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et la mort de leurs deux parents, qui achève de les séparer.
Mon avis

Un coup de coeur, donc ! Cette fresque familiale qui s'étale sur plus de 30 ans est tirée d'une histoire vraie et elle raconte la vie d'une fratrie irlandaise qui traverse les conflits du XXe siècle (guerres mondiales, communisme, guerre d'Espagne...). Les personnages sont tous attachants et fascinants à leur manière, le livre est très bien écrit et la lecture est très agréable. Le plus fort, c'est que c'est tiré d'une histoire vraie...

L'histoire est divisée en trois parties et chacune a sa propre ambiance, ce que j'ai beaucoup aimé : la première, c'est l'enfance et la fin de l'innocence. Dans la seconde, j'ai eu le plaisir de recroiser Jimmy Gralton, que j'ai vite reconnu comme le héros du film Jimmy's hall dont je vous parlais l'an dernier. Enfin, la troisième est empreinte de nostalgie, Eva, l'une des héroïnes, aimerait tant retrouver l'innocence de la Jetée du paradis où ils ont passé leur enfance coupée des dures réalités du monde.

Comme dans Jimmys' hall, on nous montre aussi l'histoire de l'Irlande après l'indépendance, et l'on voit que ce n'était pas facile tous les jours. On voit les luttes de pouvoir en filigrane, et comment ces événements s'imbriquent dans l'histoire européenne.

J'ai beaucoup aimé le personnage d'Eva, inspiré de Sheila Fitzgerald, qui a raconté son histoire à l'auteur (pour une fois, la postface était très intéressante !), une femme rêveuse et incomprise, qui ne rentre dans aucun moule et commence réellement sa vie vers 45 ans, quand ses enfants sont grands.

Vous l'aurez compris, je le recommande chaudement.

Un livre tiré d'une histoire vraie
Juin : Dermot Bolger

vendredi 20 novembre 2015

L'affaire Bernini - Iain Pears

Voici un second livre lu cet été, et je dois bien dire, une déception totale...


L'histoire
Employé d'une galerie londonienne, Jonathan Argyll, en poste à Rome depuis trois ans, a vendu un Titien au musée californien du milliardaire Arthur Moresby. Seule obligation : Argyll a dû livrer le tableau à Los Angeles. Lors d'une soirée dans le musée, Jack, le fils du mécène, lui présente de façon acerbe les parasites gravitant autour de son père. Il y croise aussi Hector de Suza, qui a la réputation d'être mêlé à des trafics d'œuvres d'art.
Le lendemain, en rendant visite au directeur du musée, Argyll apprend que Moresby a été assassiné dans son bureau d'une balle dans la tête. Un buste du pape Pie V, réalisé par Gian Bernini et ramené d'Italie par de Souza, reste introuvable. Argyll alerte son amie Flavia di Stefano, de la brigade romaine de protection du patrimoine, qui débarque bientôt, elle aussi, en Californie pour poursuivre ses investigations.
Mon avis
Bon, comment le dire gentiment... j'ai trouvé ce livre franchement mal écrit. Le style est volontairement familier et désinvolte, ce que j'ai trouvé franchement agaçant. L'histoire est cousue de fil blanc.

Pour ne rien gâcher, l'auteur insiste très lourdement car un personnage maitrise mal l'anglais (l'Italienne) : ça alourdit l'histoire, c'est complètement ridicule et ça casse le rythme sans rien arranger.

Et pour finir, le "deus ex machina" qui résout le tout est ridicule aussi. Je m'attendais à lire un thriller sur l'art, car j'adore ce genre de livres mais c'est juste un "whodunnit" (qui a tué le colonel Moutarde dans la cuisine avec le chandelier) convenu et plat. 

Idée 39 : Musée

jeudi 19 novembre 2015

La confrérie des chasseurs de livres - Raphaël Jerusalmy

Je profite de mes vacances pour rédiger des chroniques en retard... quatre romans lus cet été et pour lesquels je n'avais pas pris le temps de rédiger les articles. Le premier met en scène le personnage de François Villon.


L'histoire
François Villon, poète rebelle et brigand condamné à mort, est gracié par le roi Louis xi qui l’envoie en Terre sainte, à la rencontre des chasseurs de livres de la Jérusalem d’en bas, tenter une alliance contre l’omnipotence de Rome. Entre thriller et picaresque, aussi joueur qu’érudit, l’auteur de "Sauver Mozart" met en marche les forces de l’esprit contre la toute-puissance du dogme et des armes, pour faire triompher l’humanisme.
Mon avis

Je pensais que ce livre pourrait intéressant, car il permet de découvrir le personnage de François Villon. Il souligne aussi l'importance du pouvoir des écrits : tout pour plaire à première vue.

Cependant, le style est un peu confus et lent, j'ai eu du mal à me mettre dans l'histoire. J'ai trouvé le rythme maladroit,  du coup je décrochais sans cesse, d'autant plus que le début du livre part dans tous les sens. Bilan mitigé, donc.

mercredi 18 novembre 2015

Vingt mille lieues sous les mers - Jules Verne


Bon, on peut le dire, j'ai franchement perdu mon rythme de lecture ces derniers temps. J'essaie de retrouver l'énergie en réduisant considérablement le nombre de challenges, mais ce n'est pas encore ça. Le livre que j'ai choisi aujourd'hui figure dans ma PAL depuis très longtemps et je l'avais choisi parce que j'ai eu la chance de le lire dans une édition un peu particulière et très joliment illustrée par Didier Graffet.



L'histoire
L'apparition d'une bête monstrueuse en 1866 défraie la chronique. L'animal, rapide, fusiforme et phosphorescent, est responsable de plusieurs naufrages, brisant le bois des navires avec une force colossale. Pierre Aronnax, professeur au Muséum d'histoire naturelle de Paris, émet l'hypothèse d'un narval géant. Une grande chasse est  organisée à bord de l’Abraham-Lincoln. Aronnax reçoit une lettre du secrétaire de la Marine lui demandant de rejoindre l’expédition pour représenter la France. Le scientifique embarque avec son fidèle domestique flamand, Conseil. A bord, ils font la connaissance de Ned Land, harponneur de Québec. Après des mois de navigation, la confrontation avec le monstre a enfin lieu, et l'Abraham-Lincoln est endommagé. Un choc entre le monstre et la frégate projette Aronnax, Conseil et Ned par dessus bord. Ils échouent finalement sur le dos du monstre, qui n'est autre qu'un sous-marin. Les naufragés sont faits prisonniers et se retrouvent à bord du mystérieux appareil. Ils font alors connaissance du capitaine Nemo, qui refuse de leur rendre la liberté. Alors que Ned et Conseil ne cherchent qu'à s'évader, Aronnax éprouve une certaine curiosité pour Nemo, cet homme qui a fui le monde de la surface et la société. Le capitaine consent à révéler au savant les secrets des mers. Il lui fait découvrir le fonctionnement de son sous-marin, le Nautilus, et décide d’entreprendre un tour du monde des profondeurs. Nos héros découvrent des trésors engloutis, comme l'Atlantide et des épaves d'anciens navires, s'aventurent sur les îles du Pacifique et la banquise du Pôle Sud, chassent dans les forêts sous-marines et combattent des calmars géants. Aronnax finit par découvrir que Nemo utilise le Nautilus comme une machine de guerre, un instrument de vengeance contre les navires appartenant à une « nation maudite » à laquelle il voue une terrible haine.
Mon avis

J'ai beaucoup aimé cette histoire, je me suis complètement laissée entrainer par l'aventure, et les illustrations ne gâtaient rien au plaisir de la lecture. Ce livre est une vraie invitation au voyage... Je l'ai lu à une période où j'avais du mal à déconnecter et pour ça, c'était vraiment la lecture parfaite.

Quand je pense que je n'aimais pas du tout Jules Verne étant petite... Je dois avouer que j'ai lu en diagonale les énumérations de poissons et autres espèces marines, car je trouvais que ça freinait l'histoire. Mais sinon, j'ai adoré le style.

Ma petite déception : le livre ne répond pas à toutes nos questions sur ce capitaine Némo. J'ai lu qu'il apparaissait également dans le livre L'île mystérieuse, je compte donc bien le lire également !


Novembre
Challenge XIXe

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