La semaine dernière, j'étais malade, et par conséquent, chose qui ne m'arrive jamais, je me suis retrouvée plusieurs jours au lit sans rien de particulier à faire et avec l'énergie d'un gastéropode sous valium. J'ai donc un peu trainé sur les réseaux sociaux du Chat et j'ai remarqué qu'on parlait beaucoup de ce livre en ce moment, notamment parce qu'ils viennent de l'adapter en série, mais aussi parce que c'était le livre bimensuel du club de lecture Goodreads d'Emma Watson.
J'avais (seulement) trois livre en cours sur ma table de chevet, mais le résumé m'a vraiment intéressée, donc ni une ni deux, je l'ai acheté sur ma liseuse et lu dans la foulée (l'achat compulsif suivi d'une lecture directement après, fait suffisamment rare pour être noté...).
L'histoire
Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, "servante écarlate" parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler... En rejoignant un réseau secret, elle va tenter de recouvrer sa liberté.
Mon avis
Un excellent bouquin que je recommande chaudement. J'ai accroché dès les premières pages, j'ai dû en lire les trois quarts dès le premier jour... Il s'agit d'une dystopie (l'auteur conteste le terme de dystopie féministe...) et quand je termine ce genre de lectures, je me dis que je devrais vraiment en lire plus souvent !
Si j'avais voulu faire exprès, je n'aurais pas fait mieux... La chronique précédente parlait de la surpopulation, et celle-ci, d'une chute de la natalité (qui me parait la suite logique de la surpopulation).
Si j'avais voulu faire exprès, je n'aurais pas fait mieux... La chronique précédente parlait de la surpopulation, et celle-ci, d'une chute de la natalité (qui me parait la suite logique de la surpopulation).
Dans un style volontairement oral et décousu (on découvre pourquoi dans le dernier chapitre), la narratrice dépeint son enfer à petites touches, en expliquant çà et là comment la société en est arrivée là. Le fait de ne pas avoir toutes les infos d'emblée déconcerte au début, puis pousse à dévorer le bouquin pour enfin avoir une vue d'ensemble.
Le personnage principal sort vraiment du lot. Il est volontairement quelconque, puisque cette société cherche avant tout à déshumaniser ces servantes, à les transformer en ventres sur pattes, il n'a pas de prénom propre, ni une vie qui sort de l'ordinaire (sa vie avant la dictature, j'entends), mais malgré tout, il m'a marquée. Il est à l'image de ces servantes très ambivalentes, à la fois indispensables et précieuses (car fertiles), mais rabaissées au plus bas dans la société et méprisées par tout le monde. Ce paradoxe m'a vraiment interpellée pendant ma lecture.
L'histoire nous rappelle que les dérives totalitaires reposent toujours sur des concepts et des structures existants (voir en anglais cet article sur des femmes dont la mentalité est proche de ce mouvement fanatique quant à la place de la femme...) et que ce sont généralement les femmes qui trinquent les premières quand ça sent le roussi ! Le nouveau souffle de l'Amérique puritaine emmenée par Trump explique aussi certainement le regain d'intérêt pour ce bouquin, qui le mérite !
Je n'ai mis "que" quatre étoiles parce que je dois dire que je suis un peu restée sur ma faim. C'était trop court, j'ai tellement aimé l'univers que j'aurais voulu en savoir encore plus, plonger davantage dans le réseau de résistance et, disons-le franchement, je ne suis pas une grande fan des fins ouvertes.
Le roman vient d'être adapté en série, je compte bien entendu la regarder prochainement. Le livre m'a aussi beaucoup fait penser à 1984 et j'ai une furieuse envie de le relire bientôt...
En bref, une excellente dystopie, prenante et trop courte à mon goût, qui nous rappelle que nous ne devons jamais cesser de défendre nos droits, ni les tenir pour acquis. Je recommande.