vendredi 30 juin 2017

La servante écarlate - Margaret Atwood

La semaine dernière, j'étais malade, et par conséquent, chose qui ne m'arrive jamais, je me suis retrouvée plusieurs jours au lit sans rien de particulier à faire et avec l'énergie d'un gastéropode sous valium. J'ai donc un peu trainé sur les réseaux sociaux du Chat et j'ai remarqué qu'on parlait beaucoup de ce livre en ce moment, notamment parce qu'ils viennent de l'adapter en série, mais aussi parce que c'était le livre bimensuel du club de lecture Goodreads d'Emma Watson


J'avais (seulement) trois livre en cours sur ma table de chevet, mais le résumé m'a vraiment intéressée, donc ni une ni deux, je l'ai acheté sur ma liseuse et lu dans la foulée (l'achat compulsif suivi d'une lecture directement après, fait suffisamment rare pour être noté...).

L'histoire
Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, "servante écarlate" parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler... En rejoignant un réseau secret, elle va tenter de recouvrer sa liberté. 
Mon avis

Un excellent bouquin que je recommande chaudement. J'ai accroché dès les premières pages, j'ai dû en lire les trois quarts dès le premier jour... Il s'agit d'une dystopie (l'auteur conteste le terme de dystopie féministe...) et quand je termine ce genre de lectures, je me dis que je devrais vraiment en lire plus souvent !

Si j'avais voulu faire exprès, je n'aurais pas fait mieux... La chronique précédente parlait de la surpopulation, et celle-ci, d'une chute de la natalité (qui me parait la suite logique de la surpopulation).

Dans un style volontairement oral et décousu (on découvre pourquoi dans le dernier chapitre), la narratrice dépeint son enfer à petites touches, en expliquant çà et là comment la société en est arrivée là. Le fait de ne pas avoir toutes les infos d'emblée déconcerte au début, puis pousse à dévorer le bouquin pour enfin avoir une vue d'ensemble.


Le personnage principal sort vraiment du lot. Il est volontairement quelconque, puisque cette société cherche avant tout à déshumaniser ces servantes, à les transformer en ventres sur pattes, il n'a pas de prénom propre, ni une vie qui sort de l'ordinaire (sa vie avant la dictature, j'entends), mais malgré tout, il m'a marquée. Il est à l'image de ces servantes très ambivalentes, à la fois indispensables et précieuses (car fertiles), mais rabaissées au plus bas dans la société et méprisées par tout le monde. Ce paradoxe m'a vraiment interpellée pendant ma lecture.

L'histoire nous rappelle que les dérives totalitaires reposent toujours sur des concepts et des structures existants (voir en anglais cet article sur des femmes dont la mentalité est proche de ce mouvement fanatique quant à la place de la femme...) et que ce sont généralement les femmes qui trinquent les premières quand ça sent le roussi ! Le nouveau souffle de l'Amérique puritaine emmenée par Trump explique aussi certainement le regain d'intérêt pour ce bouquin, qui le mérite !

Je n'ai mis "que" quatre étoiles parce que je dois dire que je suis un peu restée sur ma faim. C'était trop court, j'ai tellement aimé l'univers que j'aurais voulu en savoir encore plus, plonger davantage dans le réseau de résistance et, disons-le franchement, je ne suis pas une grande fan des fins ouvertes.

Le roman vient d'être adapté en série, je compte bien entendu la regarder prochainement. Le livre m'a aussi beaucoup fait penser à 1984 et j'ai une furieuse envie de le relire bientôt...

En bref, une excellente dystopie, prenante et trop courte à mon goût, qui nous rappelle que nous ne devons jamais cesser de défendre nos droits, ni les tenir pour acquis. Je recommande.

lundi 19 juin 2017

Inferno - Dan Brown

Quoi qu'on en dise, un bon Dan Brown, quand on n'a pas l'énergie de se prendre la tête, ça passe toujours très bien ! 


L'histoire
Robert Langdon, professeur de symbologie à Harvard, se réveille en pleine nuit à l'hôpital. Désorienté, blessé à la tête, il n'a aucun souvenir des dernières trente-six heures. Pourquoi se retrouve-t-il à Florence ? D'où vient cet objet macabre que les médecins ont découvert dans ses affaires ? Quand son monde vire brutalement au cauchemar, Langdon décide de s'enfuir avec une jeune femme, Sienna Brooks. Rapidement, Langdon comprend qu'il est en possession d'un message codé, créé par un éminent scientifique qui a consacré sa vie à éviter la fin du monde, une obsession qui n'a d'égale que sa passion pour « Inferno », le grand poème épique de Dante. Pris dans une course contre la montre, Langdon et Sienna font tout pour retrouver l'ultime création du scientifique, véritable bombe à retardement.
Mon avis

Je pense qu'il faut distinguer deux parties dans ce livre. D'abord, le côté thriller... Pas franchement le récit du siècle, on voit les choses venir (bien que certaines supposées "failles scénaristiques" s'expliquent à la fin, ce qui est plutôt bien vu) et c'est un peu un remâché des ouvrages précédents de l'auteur. J'avais par exemple vu venir dès le début le lieu final du roman (je ne peux pas en dire plus sans spoiler) parce qu'il y a quelques années j'avais lu un livre qui en parlait, ça m'étonne donc qu'un soit disant éminent professeur d'Harvard à la mémoire absolue mette 600 pages à arriver à la même conclusion... Mais ça passe le temps, ça change les idées et ça donne envie d'aller à Florence. Donc sympa, sans casser des briques.

J'ai été beaucoup plus intéressée par l'autre aspect du roman. Le "méchant", le "monstre" de l'histoire, veut lutter contre la surpopulation pour sauver l'humanité. Je trouve que c'est une question trop peu abordée, un véritable problème, et je trouve bien qu'on en parle ici. Ca donne matière à réfléchir pour qui n'essaie pas de se voiler la face. Et dans cette logique, j'ai vraiment beaucoup aimé la solution et la fin du livre, qui m'a vraiment surprise. Cette trame sauve vraiment l'histoire pour moi, et vaut le coup de la lecture.

Chassé-croisé : le film


En rédigeant ma chronique, je me suis aperçue que le roman venait d'être adapté au cinéma, j'ai donc décidé de le regarder pour comparer...


Comment vous dire... ce n'est pas vraiment la peine. C'est le genre de films que je ne comprends vraiment pas. Il y a une bonne base, de quoi faire un bon divertissement... Et si on changeait à peu près tout pour faire un truc absolument nul ???

C'est confus, moi qui me plaignais de quelques raccourcis dans le bouquin, là, ils sont présents à la pelle. J'entends bien qu'on ne puisse pas adapter entièrement un bouquin, car ce serait trop long. Mais pourquoi virer des pans entiers du livre, très utiles pour comprendre la psyché des personnages, juste pour rajouter des dizaines de minutes de trucs qui n'ont rien à faire là, ne sont pas dans le bouquin et n'apportent strictement RIEN ?

Pour ne rien arranger, en lisant le bouquin, je m'étonnais (agréablement) qu'un Américain ait osé écrire certaines idées... Nous voilà rassurés, dans le bouquin, le puritanisme revient en force et le message du livre, le retournement scénaristique, LE truc qui fait que ça vaut la peine de le lire, saute purement et simplement et est remplacé par quelque chose de convenu et prévisible à souhait.

Je finirai par une dernière déception : je me disais que l'intérêt du film par rapport au livre, c'est qu'on pourrait "voir" Florence, les palais décrits, etc, et que ce serait plus pratique que de dégainer Google Images toutes les deux pages pour rafraichir sa culture. Même là, j'ai été déçue, on ne voit pas grand chose.

Vous l'aurez compris, si vous hésitez, contentez-vous du livre.


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