Et non, je n'avais pas disparu de la circulation ! Après un gros gros passage à vide et surmenage que j'ai trainé une bonne partie de l'année, qui fut très chargée, voici mon premier livre fini depuis un moment. Entre fatigue, difficulté de concentration et papillonnage intempestif entre beaucoup trop de livres, pas étonnant.
Ce livre fait partie de mon
tour du monde et représentera la Corée du Sud, sur fond de christianisme en Corée et de conflit entre les deux Corées.
Je l'ai choisi un peu "compulsivement" car le titre me rappelait une vidéo du
Fossoyeur de film vue il y a un bail. Je me rappelais surtout le titre, et le fait que j'avais plutôt envie de lire le livre que de voir le film, vu le sujet. Étrangement, la lecture du livre ne collait pas du tout à mon souvenir. Étrangement, vous dites? En fait, les deux œuvres n'ont absolument aucun rapport (et après recherche je ne crois pas que le film en question soit tiré d'un livre, zut, je vais être obligée de le regarder). Petit accroc dans ma technique du "Je ne lis pas trop les résumés parce qu'ils donnent souvent une mauvaise image du livre".
L'histoire
Frère Jean se remémore l'année de ses 28 ans quand il résidait dans une abbaye bénédictine en Corée du Sud parce qu'il avait décidé de consacrer son existence à Dieu. Il évoque sa rencontre amoureuse avec une femme, la fin de cette romance, la mort tragique de deux des moines et la réminiscence d'un secret familial dramatique.
Mon avis
Je ressors avec une impression assez mitigée, car j'ai trouvé le livre plutôt inégal.
Le début est prenant, avec des réflexions intéressantes. Le personnage s'imagine un retour du Christ à notre époque, sur fond de presse à scandale et de critiques médiatiques permanentes, où tous ses miracles seraient montés en épingle et décrédibilisés ("La croix d'aujourd'hui, ce sont les médias."). C'est bien vu, ça fait réfléchir.
Puis au milieu du livre ça retombe comme un soufflé, ça tire en longueur. L'histoire d'amour qui occupe la plus grosse partie du roman, je n'y crois pas une seconde, donc le livre m'a perdue en route. Les personnages principaux sont creux, elle est jolie, il est moine. Pas de quoi bâtir un monument à l'amour qui transcende tout... Difficile d'avoir de l'empathie pour une pimbêche capricieuse et un naïf jaloux (le ressenti aurait été probablement différent si on avait aussi eu le point de vue de Madame, mais ce n'est pas le cas).
On se retrouve donc avec de trop rares personnages féminins capricieux et une image horrible de la femme. La jaquette nous explique que l'autrice dénonce la condition de la femme dans ses textes, va falloir qu'on m'explique. Le narrateur docile passe le livre à chouiner après sa belle qui joue avec ses sentiments, au chaud dans son monastère, mais ce sont les mères célibataires qui luttent contre une société patriarcale qui sont des chouineuses irrécupérables (si si, il dit ça, je n'extrapole pas).
Va cueillir des fleurs dans un champ de mines, comme dirait
l'autre.
Le narrateur/personnage principal est rasoir, il ne lui est jamais rien arrivé dans la vie (à part la pimbêche, donc). Il côtoie des personnages qui eux ont un vécu, leur histoire, dure et poignante, pendant la Guerre de Corée, est passionnante (mais les récits sont entrecoupés de retours à la narration qui cassent le rythme et me faisaient dérailler de ma lecture à chaque fois). C'est la partie qui m'a plu dans ce livre, malheureusement trop courte. Elle ne fait que rendre la partie roman à l'eau de rose que plus vide par comparaison.
Je me suis dit que le thème central, c'est "Qu'est ce que l'amour", (mais dans le mot de l'auteur, elle dit qu'elle est partie d'une histoire vraie sur un navire de guerre américain qui a sauvé plein de Coréens dans les années 50, donc vous me voyez perdue). Avec toujours en parallèle l'amour divin. Mais alors, dites moi que c'est une caméra cachée, une mise en abîme que j'ai ratée, petit florilège...
Espérer qu'il soit malheureux sans moi, c'est ça l'amour, n'est ce pas.
Non
connasse, c'est de l'égoïsme. Tu le veux juste parce que tu ne peux pas l'avoir.
Si un homme quitte une femme parce qu'il pense ne plus avoir besoin d'elle et qu'il souffre ensuite de son absence, c'est là la meilleure vengeance dont une femme puisse rêver.
Mais aaaaaaaaaaaarg c'est quoi là ? Donc j'ai passé un bon moment à insulter le livre. D'où cette question existentielle : vaut-il mieux bailler d'ennui ou brailler d'énervement devant un bouquin ?
Ce qui est d'autant plus dommage que les témoignages de la Guerre de Corée sont poignants, intéressants (et durs aussi, ils n'enfilaient pas des perles), et c'était visiblement le propos de base de l'autrice. Alors pourquoi les reléguer autant en arrière plan? Comme la question de l'immobilisme du clergé, d'ailleurs, pas assez approfondie à mon goût.
En bref, des passages très forts trop vite noyés dans un mélo larmoyant de personnages creux et immatures, c'est dommage !