jeudi 6 décembre 2018

Le bonhomme de neige - Jo Nesbo

Il y a quelques temps, j'avais lu Le léopard de Jo Nesbo, qui m'avait beaucoup plu et qui faisait beaucoup référence au Bonhomme de neige. Ca avait donc piqué ma curiosité et ça a été ma lecture de vacances (car oui, j'ai enfin réussi à prendre des vacances, un peu)...



L'histoire
Oslo, novembre 2004, la première neige tombe sur la ville. Dans le jardin des Becker, un bonhomme de neige fait irruption, comme sorti de nulle part. Le jeune fils remarque qu'il est tourné vers la maison et que ses grands yeux noirs regardent fixement leurs fenêtres. Dans la nuit, Birte, la mère, disparaît, laissant pour seule trace son écharpe rose, retrouvée autour du cou du bonhomme de neige...
Dans le même temps, l'inspecteur Harry Hole reçoit une lettre signée «le bonhomme de neige» qui lui annonce d'autres victimes. Plongeant son nez dans les dossiers de la police, Harry met en lumière une vague de disparitions parmi les femmes mariées et mères de famille de Norvège. Toutes n'ont plus donné signe de vie le jour de la première neige...
Mon avis

J'ai mis un peu de temps à rédiger cette chronique, car j'ai du mal à "dire quelque chose" de ce livre. J'aurais peut-être dû rester sur le Léopard, je n'ai pas trouvé celui-ci aussi intense. C'est un bon polar,  bien construit, j'ai passé un bon moment et ça m'a bien dépaysée, mais il m'a manqué le petit truc en plus. Ce truc qui fait que le polar vous prend vraiment aux tripes. Je suis restée trop spectatrice et détachée. Je m'attendais à autre chose avec les allusions contenues dans le Léopard.

Autre aspect très étrange et dérangeant, j'avais souvent l'impression de lire une mauvaise traduction... de l'anglais. Ce qui ne manque pas de sel quand on lit un livre traduit du norvégien. Rien qu'un exemple, quand Harry Hole est interviewé à la télé, il "livre" et il "effectue la livraison". Qu'est-ce que le phoque ? Il assure, il fait le show, ce que tu veux, mais il ne livre rien du tout, il ne travaille pas pour Chronopost ! Ca m'a vraiment gênée.

A noter quand même le point intéressant du livre, toute cette réflexion sur ce qu'est la paternité, qu'est-ce qui est le plus important, l'inné ou l'acquis... Les motivations du tueur m'ont fait bondir, mais reflètent encore malheureusement la mentalité de trop de gens sur la sacro-sainte valeur de la graiiiine masculine. Bref, la question est très bien exploitée, ça donne du corps à l'ensemble.

Donc, c'est un thriller très sympa (pour autant qu'un livre sur un tueur en série complètement cinglé et misogyne (pléonasme ?) puisse être qualifié de "sympa"), mais ce n'est pas non plus une lecture marquante. 

Chassé croisé

En préparant la chronique, je me suis rendu compte que le livre avait été adapté au cinéma l'an dernier. Avec Michael Fassbender que j'aime beaucoup en prime, donc je me suis lancée...


Franchement, une déception...

Autant le livre est sympa sans être transcendant, autant là, je me suis ennuyée. J'ai trouvé que le rythme était beaucoup trop lent pour un thriller. Et pour faire une adaptation plus "contemplative", il aurait fallu nous donner plus de matière.

L'adaptation du bouquin est portée disparue (j'y reviendrai après pour éviter les spoilers), ce qui peut en théorie se comprendre pour un thriller : je suppose que l'idée est de garder un effet de surprise pour les gens qui ont lu le livre. Sauf que là j'ai trouvé ça confus et brouillon, pas une réussite. Pour tout dire, j'étais complètement larguée dans l'intrigue, et pourtant (ou parce que) j'avais lu le bouquin juste avant. Les actions des personnages n'ont aucun sens, on ne les approfondit pas (donc comment comprendre les actes du meurtrier à la fin si c'est juste un personnage qui passe de temps en temps en contre-champ pour faire coucou). Comme dirait Lancelot,
C'est pas que ça change, c'est qu'on comprend rien.
Et comme c'est une adaptation britannique, on ne retrouve pas vraiment la touche scandinave non plus. Ah si, un truc bien quand même, j'ai compris le pourquoi du comment de l'importance de l'éradicateur de moisissures, un truc qui m'avait échappé dans le bouquin.

Moi aussi je peux mettre des bonhommes de neige partout sans aucune raison particulière :)

Parlons maintenant des failles les plus graves de ce film pour moi, le non-sens de la psychologie des personnages. Et aussi du titre du film. Qui aurait pu s'appeler Oulala il neige en hiver, ça n'aurait pas apporté plus de sens au bousin. Ni moins. Car oui, dans le bouquin, les bonhommes de neige ont une signification. Mais pour ça, je dois vous parler plus en détail de l'intrigue donc SPOILER ALERT...(en italique)

Pour ce qui est de l'adaptation, je suis donc un océan de perplexité. Dès les premières minutes, le film se torche joyeusement avec l'événement fondateur du tueur en série, ce qui fait sa psychologie, le meurtre qu'il est censé répéter encore et encore. Je parle ici du gamin qui, juché sur les épaules d'un bonhomme de neige, voit sa mère tromper son père et comprend que l'amant en question est son père biologique. Il tue donc sa mère et passe sa vie à punir les femmes infidèles. Quoi ? Quel meurtre ? Ah ben non, y a pas de meurtre au début du film, c'est dommage, le reste n'a donc plus aucun sens. 

Et les bonhommes de neige ? Ils n'ont aucune signification dans le film, ils font juste joli, car le gosse se met sur la pointe des pieds pour voir sa mère. Alors que dans le bouquin, ils ont un sens, ce n'est pas pour rien qu'ils ont donné le titre du livre. Et pour faire bonne mesure, on se torche aussi avec la psychologie de Harry Hole parce que bon, on n'est plus à ça près. Non il ne passe pas la moitié du bouquin bourré, au contraire, il essaie de redevenir un bon papa pour son beau-fils, malgré tous ses défauts. Ce qui est légèrement important pour un récit sur la paternité, vous en conviendrez.

Voilà pour le chassé croisé, vous l'aurez compris, à choisir, je vous conseille plutôt le bouquin !
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