Aujourd'hui, une escale du Tour du monde en Indonésie, encore avec la maison d'édition Zulma, que je vous recommande si vous cherchez des livres qui ont vu du pays ! Attention coup de coeur.
C'est le premier tome d'une tétralogie, le Buru Quartet*. L'auteur a passé une grande partie de sa vie en prison, car dissident politique. D'ailleurs, il a d'abord raconté cette histoire à ses co-détenus avant de l'écrire. Et Buru, c'est le nom du bagne dans lequel il l'a écrite. Pas banal, comme contexte d'écriture !
*Je viens de me commander les suites, je pourrai donc vous en parler dès que je les aurai lues.
L'histoire
Minke, jeune étudiant et écrivain brillant et curieux de tout, y croise le destin d’Ontosoroh, "la nyai", concubine d’un riche colon hollandais. Tous deux sont javanais, idéalistes et ambitieux, tous deux rêvent d’une liberté enfin conquise contre un régime de haine et de discrimination, celui des Indes néerlandaises. Minke tombe amoureux de sa fille, Annelies, une métisse, et s'installe chez elles.Mon avis
Le récit commence en 1898. Je me suis plongée dans l'histoire très vite, l'auteur nous fait souvent nous questionner sur pas mal de sujets différents.
Le style est à la fois simple à suivre et très efficace, coloré, dynamique, j'ai vraiment dévoré les chapitres. Le héros est le classique "mec tout à fait banal" (groumph), surtout au départ, mais il rencontre tellement de gens intéressants ou uniques qu'on l'oublie vite.
On découvre une société très stratifiée entre hommes et femmes, mais aussi entre blancs, métisses et indigènes, personnes éduquées ou non. Les langues aussi jouent un rôle et les personnages passent souvent de l'une à l'autre dans le récit, selon le rang de la personne à qui ils s'adressent (même si nous lisons tout en français, bien sûr). C'est intéressant de voir comment la misogynie culturelle du personnage fait qu'au début, il est vraiment incapable de croire qu'une femme puisse être très intelligente et cultivée, mais aussi de voir ses perceptions évoluer.
Le héros, un indigène (et comme je l'ai indiqué juste avant, dans ce genre de contexte, la classe sociale est super importante) est surnommé Minke, déformation de monkey, singe... Le tout en pleine époque troublée, où la décolonisation se prépare et jalonne les débats. Avec plein de beaux morceaux de paternalisme dedans.
La fin de ce premier tome est vraiment bouleversante, et j'ai hâte de lire la suite.
La fin de ce premier tome est vraiment bouleversante, et j'ai hâte de lire la suite.
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Une étape de mon tour du monde |