Un livre lu pour le club de lecture de la bibliothèque. Probablement pas un livre vers lequel je serais allée spontanément, mais c'est là tout l'intérêt de la chose, découvrir des visions, des discours, qui sortent de nos habitudes.
L'histoire
La France est noyée sous une tempête diluvienne qui lui donne des airs, en ce dernier jour de 1999, de fin du monde. Alexandre, reclus dans sa ferme du Lot où il a grandi avec ses trois sœurs, semble redouter davantage l’arrivée des gendarmes. Seul dans la nuit noire, il va revivre la fin d’un autre monde, les derniers jours de cette vie paysanne et en retrait qui lui paraissait immuable enfant. Entre l’homme et la nature, la relation n’a cessé de se tendre. À qui la faute ?
Dans ce grand roman de « la nature humaine », Serge Joncour orchestre presque trente ans d’histoire nationale où se répondent jusqu’au vertige les progrès, les luttes, la vie politique et les catastrophes successives qui ont jalonné la fin du XXe siècle, percutant de plein fouet une famille française. En offrant à notre monde contemporain la radiographie complexe de son enfance, il nous instruit magnifiquement sur notre humanité en péril. À moins que la nature ne vienne reprendre certains de ses droits…
Mon avis

Pour résumer en une phrase : ce livre nous parle d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître. Il joue la carte de la nostalgie, mais quand on n’a pas la référence (j’avais dix ans lors des événements de la fin du roman, qui commence en 1976), on se sent un peu perdu/distant, et c’est normal. Il raconte l’histoire de la génération de mes parents.
Ce décalage explique mon ressenti assez ambivalent, qui n’est clairement pas à imputer au livre, il est fréquent quand on lit une histoire dont on n’est pas la cible.
Je retiendrai surtout la réflexion sur la lutte militante, somme toute assez cynique : la plupart des militants seraient davantage poussés par un vide intérieur que par une solidarité authentique (ce qui expliquerait tous les gens de gauche qui se droitisent en vieillissant, c’est-à-dire en devenant riches). Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle et ça m’a apporté des éléments de réponse à certains constats que j’ai pu faire ces derniers temps.
Le bouquin se déroule dans une ambiance de nostalgie de fin d’un monde et de choc des mondes, mais peut-on vraiment regretter un monde où à 50 ans on a déjà le dos pété : cela résume pour moi très bien le pessimisme qui transpire de ce bouquin. J’avais l’impression que le monde d’avant comme celui d’après ne valent guère mieux l’un que l’autre… Mais on ne nous propose pas vraiment de troisième voie.
J’ai eu beaucoup de mal à avoir de la sympathie pour le protagoniste. J’avais envie de le secouer, sauf dans les dernières pages, il est très passif et blâme le monde entier pour ses problèmes, sans jamais prendre ses responsabilités. Ce genre de profil a rarement l’étoffe d’un bon « héros » et j’ai zéro patience pour eux.
Je retiens aussi les réflexions très drôles de bon sens paysan face aux citadins à côté de la plaque.
L’atmosphère est de plus en plus sombre et pessimiste à mesure que le progrès se fait sentir, c’est sûrement pour cela que la fin m’a laissée sur ma faim, si je puis dire : je l’ai trouvée bizarre, elle essaie de donner dans l’optimisme, mais on n’y croit pas trop (et donc on ne sait pas trop comment tout ça se finit. Pour de vrai j’entends, pas dans les fantasmes d’un mec qui n’a jamais pris une vraie décision de sa vie.)
En bref, quelques pépites dans un océan de marasme et un protagoniste comme je ne les aime pas du tout, mais une lecture néanmoins assez plaisante, je pense que ça plaira beaucoup aux gens qui ont vécu les événements en temps réel.