Je vous propose aujourd'hui un roman anglais (je ne crois pas qu'il a déjà été traduit) que je qualifierai de comédie romantique féministe. Le titre, Pretending, signifie "Faire semblant", et je pense que ça donne une bonne idée du sujet.
L'histoire
Après une énième rencontre foireuse sur internet, April, trentenaire célibataire travaillant au quotidien avec des victimes de violences sexuelles, est dégoûtée des hommes. Elle se livre alors à une "expérience" : elle se fait passer pour Gretel, une femme imaginaire qui est selon April la femme idéale que recherchent les hommes. Elle fait alors la rencontre, toujours sur internet, de Joshua.
Mon avis
Je ne le cache pas, je me suis beaucoup reconnue dans le personnage au début, c’était tellement moi il y a une dizaine d’années, à batailler, tout donner, être toujours trop ou pas assez... J'aurais pu écrire certains passages mot pour mot. J’ai donc eu énormément de tendresse pour elle, je n’avais pas ressenti ça depuis un total meltdown devant le personnage de Kate Winslet The Holiday (comprendre, des torrents de larme incontrôlables déclenchés par un petit détail qui n'a l'air de rien pris individuellement).
Au delà de ça, ce bouquin est l'exemple parfait de "Pourquoi la représentation c'est important, pourquoi la diversité des profils de créateurs et créatrice c'est important". La même histoire écrite du point de vue d'un homme (hétéro) serait bien différente et il est important que les deux récits puissent exister.
Certaines scènes sont assez dures à lire, notamment quand April revit son trauma, mais au final je me suis dit que la plus grosse violence n'est pas toujours celle commise par les hommes (même si elle est bien réelle et on s'en passerait bien)... C'est la violence de April (et donc de nous-même) envers elle-même. Comment on se juge, se refoule, se réprime... se rapetisse pour plaire à des mecs qui n'en valent même pas la peine, pour satisfaire à des injonctions sociales. Extrêmement douloureux d'observer ce comportement avec le recul de la posture de lectrice.
Et toujours cet amer constat que dans le cadre des rencontres en ligne, les mecs ont peur qu'on leur mente et les femmes qu'on les viole, et pour beaucoup c'est encore un "problème" comparable.
Bref, un très bon bouquin qui je pense parlera à beaucoup de femmes "galériennes de l'amour", j'encourage tous les mecs qui ont un minimum envie de comprendre ce que peuvent vivre les femmes du XXIe siècle à le lire.
Et pour continuer dans la même veine, je vous recommande "La dialectique du calbute sale", un podcast en 5 épisodes d'Ovidie
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Lien du premier épisode |