vendredi 18 octobre 2013

Chronique d'une mort annoncée, ou la Chronique d'un coup de foudre littéraire annoncé

L'été de mes 18 ans, je gardais les enfants d'une amie qui avait par le passé fait une licence de lettres. Comme sa plus grande peur n'était visiblement pas que je vende ses enfants sur ebay, mais que je finisse par mourir d'ennui à force de m'occuper d'un 3 ans et demi pendant 10 heures par jour (Mais non ! Il est adorable son gamin), j'avais toute licence pour piocher allègrement dans sa bibliothèque. Le rêve. Un jour que le petit susmentionné voulait regarder Harry Potter pour la 56e fois depuis le début de l'été, et comme j'avais résisté à la tentation de lui mettre le film en VO histoire de ne pas perdre de temps, je suis allée piocher un petit bouquin pour lire en attendant qu'il finisse son film, parce que Gary Oldman et toute la clique commençaient sérieusement à me courir.


Toc, au pif, ce petit livre s'intitule Chronique d'une mort annoncée, de Gabriel Garcia Marquez. A cette époque lointaine, je n'avais pas commencé à étudier l'espagnol et mon monde littéraire s'arrêtait à l'Europe et à l'Amérique du Nord. La Colombie ? Une grosse tache sur la carte, là-bas... La 4e de couverture me dit que l'auteur a eu le Prix Nobel en 1982*. "Intéressant, je crois que je n'ai encore jamais lu de livres écrits par des Prix Nobels." (En général, les auteurs que je lisais à l'époque étaient morts avant que Nobel ne porte des couches-culottes. Mais je m'égare.)

*Prix décerné à l'ensemble de son oeuvre.

Je commence ma lecture et c'est le coup de foudre littéraire. J'adore vraiment. C'est inexplicable, mais c'est comme ça, c'est génial. Depuis, j'ai élargi mes horizons littéraires, lu d'autres livres de El Gabo, son surnom en Colombie, en VO cette fois-ci, et ça me fait toujours cet effet-là, il a rejoint mon Panthéon personnel. Si vous ne connaissez pas, lisez l'Amour au temps du choléra ! Cent ans de solitude est génial aussi, mais un peu plus ardu à lire et pas à la portée de tout le monde.


L'auteur vit toujours, mais il est très malade et atteint de démence, donc il n'écrit plus, malheureusement. Il a 86 ans.

L'histoire
Plusieurs années après l’événement, le narrateur recueille les témoignages et raconte les circonstances du meurtre de Santiago Nasar. La veille du meurtre a lieu le mariage de Bayardo et Angela. Alors que Bayardo ramène Angela dans sa famille, car la jeune femme n'est pas vierge, elle livre à sa famille le nom de son séducteur : Santiago Nasar. Les deux frères d'Angela, les jumeaux Pedro et Pablo, doivent donc venger l'honneur de leur sœur. Ils prennent deux couteaux et s'installent dans la boutique située en face de la maison de Santiago, tout en déclarant à qui veut les entendre leur intention de le tuer, car : « il sait pourquoi ». Mais personne ne les prend au sérieux. Un policier avertit cependant son supérieur qui se contente de confisquer les couteaux sans emprisonner les deux frères, puisqu'on n'arrête personne sur de simples soupçons. Il a l'intention d'avertir Santiago mais oublie de le faire. A l'exception de Santiago et sa mère, beaucoup connaissent les intentions de Pedro et Pablo qui reviennent bientôt avec d'autres couteaux. Pendant ce temps, Santiago et les villageois assistent à l’événement du jour : la venue de l'évêque qui, sur le fleuve, passe devant le village et, sans s'arrêter, leur donne sa bénédiction. (repris sur Wikipedia)

Mon avis
Le livre commence par :
Le jour où il allait être abattu, Santiago Nasar s'était levé à cinq heures et demie du matin pour attendre le bateau sur lequel l'évêque arrivait.
Entre ça et le titre, vous comprendrez que ce qui intéresse l'auteur, ce n'est pas tant le suspense que les événements en eux-mêmes. Et c'est ça qui est bien ! Ce qui aurait pu être un simple thriller (mourra-t-y, mourra-t-y pas ?) devient une étude approfondie sur la réaction des gens face à une catastrophe imminente (et annoncée).
Jusqu'au bout, on se dit que ce n'est pas possible, que quelqu'un va faire quelque chose... mais au fond, c'est ce que se disent tous les personnages, que quelqu'un va faire quelque chose... donc personne ne fait rien. C'est un récit relativement court et très intense qui m'a donné matière à une longue réflexion après sa lecture et m'a laissé un souvenir indélébile, c'est le genre d'histoires qui vous marquent à vie, même après des années.


Une étape de mon tour du monde
Challenge XXe siècle

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